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Des articles dans l'air du temps
9 juillet 2016

«!La Mariée!» par Alice Clerget

L’artiste, Niki de Saint Phalle, née en 1930, Catherine
Marie Agnès Fal de Saint Phalle, décédée en 2002, avait
une double culture, américaine du côté de sa mère et
française du côté de son père.
C’était  une femme  aux multiples  talents: plasticienne,
peintre, sculptrice, réalisatrice de film, mannequin dans
sa jeunesse, une femme autodidacte. C’est une femme
passionnée soutenant plusieurs causes, celle des noirs
américains, celle de la libération de la femme patriarcale,
celle des malades atteints du sida et celle pour
l’ouverture d’un musée TInguely à le. Elle est
engagée politiquement pour ses causes et surtout une
féministe radicale.
Obligée de se marier à 18 ans sous la pression de ses
parents et ayant subi des viols par son père à l’âge de 11
ans, elle commence à peindre à 23 ans dans un hôpital
psychiatrique suite à une dépression nerveuse.
« J’ai commencé à peindre chez les fous… J’y ai découvert l’univers sombre de la
folie et sa guérison, j’y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la
violence, l’espoir et la joie. »
En 1971, elle produit la « Fontaine
Stravinsky » avec son mari, Jean
Tinguely. La fontaine est composée de
sculptures du mari et de la femme. Elles
présentent un contraste féminin avec
des sculptures rondes et colorées et
masculin représenté  par des machines
sombres  réalisées  avec  des  matériaux
comme le fer et l’acier, sûrement pour
exprimer cette rancoeur envers les
hommes et particulièrement son père.
En envahissant les espaces publics par ses sculptures pour redonner une place à la
femme dans la société et le monde de l’art.
« À envahir, la fleur au fusil, un espace réservé aux hommes artistes et architectes (…),
aves Ses Tirs, il lui aura fallu le soutien d’hommes féministes comme Jean Tinguely ou
Pontus Hultén pour s’aventurer dans le domaine de la sculpture publique à une époque où
seule Barbara Hepworth s’était lancée sans être ni féminine, ni féministe. Or, ce sont ces
deux attributs qui caractérisent la véritable innovation de Niki de Saint Phalle dans
l’histoire de l’art. »
Niki est surtout connue en France pour sa série de sculptures « Nanas », art ludique avec
ses femmes aux formes généreuses, épanouies, libres, dominatrices, colorées et joyeuses
malgré les démons qui hantent l’artiste. Cette série d’oeuvres représente des femmes
enceintes, elles sont souvent exposées dans de grandes villes
européennes et américaines. Elle apportent de la couleur et de
la joie dans ses villes moroses. Les « Nanas » comme le nom
l’indique sont totalement inspirées de la femme d’une manière
très enjouée et amusante. Son oeuvre, pleine de joie de vivre et
colorée, est aussi marquée par le poids que la société fait porter
aux femmes. Ses oeuvres sur les femmes n’ont pas toujours été
très  joyeuses comme  les mères  dévorantes, les  sorcières et
surtout « La Mariée ».
La Mariée (Eva Maria) » est une sculpture-assemblage, composée de grillage, plâtre,
dentelle encollée et jouets divers peints, réalisée en 1963, de taille 226x200x100 cm.
Elle fait partie de la série « Mariées », exposée en 1965, à New York à l’exposition «
Vive moi ». En plus des « Mariées », elle y présente « Accouchements ».
« Voyez mes Mariées, elles sont peut être belles mais aussi douloureuses. Elles
témoignent de la condition féminine. Je pense au mariage de ma mère, de mes tantes :
c'était un bonheur mais aussi un enfermement. Il n'y avait pas d’émancipation possible en
tant qu'être unique, de possibilité de faire autre chose que d'être une épouse soumise. »
Cette sculpture se trouve depuis 1976 au Centre Pompidou dans le 4e arrondissement de
Paris, au niveau 5 dans l’allée centrale Nord.
Cette sculpture sombre malgré sa blancheur, limite macabre, exprime le drame du
mariage forcé, qu’elle a vécu dans sa jeunesse. Cet art féministe dénonce les conditions
de vie inacceptables que les femmes vivent dans cette société comme elle l’avait
revendiquer avec les « Nanas ».
Elle crée cette oeuvre en 1963, année elle divorce avec Harry Mathews, l’homme avec
lequel ses parents l’avait obligé à se marier religieusement.
La « Mariée » est composée avec un voile de dentelle, normalement un tissus souple qui
est là, figé dans du plâtre dans lequel la mariée semble emprisonnée. Sur le haut de son
corps il y a tout les jouets assemblés, ceux-ci évoquent le destin de la femme à devenir
mère ainsi que le passage de l’enfance à celui de l’adulte. Son corps est imposant par ses
dimensions et par les déformations qu'il subit alors que la femme a une petite tête, comme
si cette dernière était moins importante que le reste, que la mariée était effacée dans cette
robe plus importante que la femme elle même. La dentelle et le voile de la robe reprennent
l'idée de sa mère, de l'élégance et du raffinement. Mais le mariage pour Niki de Saint
Phalle est à la fois un bonheur et un enfermement, ce qui explique l’utilisation du plâtre sur
la dentelle, qui la rigidifie, et la rend plus épaisse, moins délicate.
Le haut composé de jouets (poupées de diverses tailles, animaux en plastiques, petites
voitures, fleurs en plastiques, etc…) qui évoquent la femme soumise à une société de
consommation, une femme qui, ensevelie par les objets, devient à son tour objet. À
l'emplacement de son coeur, sous son sein, un grand vide, un grand trou. Celui des
illusions perdues, en renonçant à ses rêves.
La femme mariée fait penser à un cadavre, ses marques d’expression sur son visage
montrent  les concessions  qu’un mariage  forcé oblige,  l’oubli de  soi, car  elle  ne peut
s’écouter, faire ce qu’elle veut. Elle oublie sa propre vie pour le plaisir de ses parents et se
consacrer  à  son  mari  et  son  futur  enfant.  Comme  le montre  la  sculpture,  la  mariée
positionne sa main gauche sur son ventre comme si elle portait l’enfant. Elle n’est plus que
l’ombre de son homme et une mère, sa vie est consacrée pour ces deux rôles.
Réalisée  dans  les  années soixante,  l’oeuvre  révèle  le climat  de  la  société dans  ces
années vis à vis des femmes. Engagée pour la libération des femmes du patriarcale alors
que dans ces années les femmes sont déterminées par la société patriarcale : mariage et
maternité.
Le schéma familial lors de la naissance de l’artiste est encore très traditionnel et le vote
des femmes toujours non abordé. Elle vit donc dans une société les couples sont
mariés, les divorces quasi-inexistants, le père est le chef de famille et la femme dépourvue
de vie (active), destinée à garder la maison et s’occuper des enfants. La femme est
soumise à une société d’hommes. Niki de Saint Phalle fera donc partie de ses femmes
réduites à être mariées et mères à 19 ans, poussée par sa mère à devenir la femme «
modèle » de cette société. Elle a été éduquée pour devenir une bonne épouse, objet de
son mari.
Grâce aux dimensions de la sculpture elle donne l’image d’une femme dominatrice mais
aussi soumise par les matériaux qui l’étouffent et la pétrifient.
Grâce à la peinture, l’artiste s’évade mais reste dans beaucoup de pensée « qu’une
femme mariée qui peint » comme le dit l’artiste américaine Joan Mitchell. Niki de Saint
Phalle abandonnera donc mari et enfant afin de se consacrer entièrement à l’art.
Quand on voit cette oeuvre c’est la domination de la Mariée qui nous atteint le plus et la
superposition  de  jouets  sur  le  torse  de  la  femme,  comme  si  après le  mariage  nous
oublions le monde de l’enfance pour devenir adulte.
Passionnée par les oeuvres féministes faites par des femmes courageuses ayant une vie
compliquée  pleine  de drames.  Ces  oeuvres  me font  penser  à celles  de  mon artiste
préférée, Frida  Khalo qui exprimait aussi  ses souffrances et montrait  un engagement
féministe. L’art est un moyen d’éclaircir les personnes sur des sujets souvent méconnus
ou seulement pas pris au sérieux, aujourd’hui encore cette oeuvre parle d’un sujet tabous,
mais encore existants dans des pays alors que nous sommes au XXIème siècle. Même en
France
Au XXIème siècle, la situation des femmes en France et partout dans le monde reste
compliquée, encore aujourd’hui la femme semble inférieure à l’homme. La société, les
traditions, les religions veulent cette supériorité de l’homme. Dans un monde où l’art est de
plus en plus accessible, il peut faire évoluer les mentalités. Il est encore important de
mener un combat pour que l’égalité des sexes existe alors que l’art n’est plus au rendez
vous du féminisme.
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