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Des articles dans l'air du temps
10 juillet 2016

Vermeer, un artiste lumineux par Malo



   Redécouvert en 1842, par  le critique et historien d'art Joseph Thoré, Vermeer est aujourd'hui l'un des peintres les plus justement célébrés. Artiste exceptionnel, il est d'autant plus admiré pour son travail de représentation de la lumière hollandaise, occupant une large place au sein de son œuvre. Seulement comment cette lumière a-t-elle servi le travail de l'artiste et comment a-t-il pu la représenter?


   Premièrement étudions son travail préparatoire, première étape indispensable à Vermeer comme tout autre peintre pour la réalisation de sa peinture.
Nous savons aujourd'hui que pendant ses longues heures de travail,  l'artiste utilisait probablement une chambre noire, aussi appelée camera obscura afin de capter une première image photographique du sujet. Ce dispositif optique découvert au 10e siècle par le scientifique arabe, Ibn al-Haytham (965-1039) permettait de projeter sur une surface plane, la lumière réfléchie par les objets environnants. Permettant d'avoir une image de la scène réelle.
   Donc d'après cette hypothèse, l'artiste aurait grâce à cette technique pu obtenir des effets photographiques de lumière, de flou et de profondeur de champs projetés sur sa toile.  Ce sont les prémices de la photographie, qui apparaitra au 19e siècle, et qui au contraire cette fois fixera l’image obtenue sur un support par procédé chimique.  Par ailleurs parmi les 42 œuvres réalisées  par Vermeer durant sa courte vie, nombreuses sont celles qui reprennent une certaine «esthétique photographique», peut-être due à cette même technique. Cependant cet avis est partagé, et une partie des chercheurs préfèrent penser que les  chambres noires étant peu répandues à cette époque, il aurait été plus evident pour lui d'utiliser un miroir. Dans les deux cas, cela ne contredis pas ce développement car le tableau est réalisé à partir du reflet de la lumière. On comprend ainsi que l’enjeu de la peinture de Vermeer était de créer une image de façon neutre directement sur un support, comme un miroir «qui peint les choses et qui peint tout seul», explique Jean Blanc professeur et spécialiste de l’art flamand et hollandais du XVIIe siècle. Souhaitant représenter la nature telle qu'elle est , et non pas telle qu'elle devrait être. La  lumière dite "Nordique" qui fait la spécialité de l'artiste a d'abord servi comme outil de préparation, avant d'être elle-même retransmise sur la toile.

   Ce qui nous amène à nous demander comment arrivait-il à la représenter?
Commençons d'abord par étudier sa maitrise de la technique du claire-obscur dont il est incontestablement l'un des maitres. Cette pratique, mise au point dés la Renaissance par Polidoro da Caravaggio, consiste à distribuer dans un tableau des nuances de la lumière qui côtoient immédiatement et sans dégradations de couleurs des parties sombres de la représentation picturale, créant parfois de forts contrastes entre les deux.
   Pour obtenir ce résultat, l'artiste utilisait une multitude de pigments extrêmement chers et rares à cette époque, et donc dépensait sans compter pour la beauté de ses oeuvres. On trouve premièrement l'utilisation de pigments couleur de terre comme l'ocre ou l'ambre pour les zones sombres. Puis un "jaune indien" permettant l'application d'un jaune vif, voire fluorescent à la peinture et donc d'affirmer la lumière.  Mais il aimait particulièrement déposer dans ses tableaux des pigments colorés, comme  par exemple: des bleus profonds tirés de la poudre de minéral bleu tel "Lapis lazuli" ou "Azurine".  En associant l'ensemble de ces coloris  souvent très éloignés, c'est-à-dire passant du mineur le plus tendre à la puissance la plus importante, Vermeer entretenait un éclat, une finesse, une énergie créant cet effet de lumière si particulier à son oeuvre.


   Cependant, la représentation de la lumière ne dépend pas uniquement de la couleur des pigments et des innovations technologiques de l'époque; sa "touche" de pinceau et la répartition de la lumière rentrent elles aussi en compte. Johannes Vermeer, utilisait la technique du pointillé, consistant à appliquer des couleurs dites transparentes, c'est-à-dire  à épaisseurs très fines. Cela permettait de réduire au minimum le dépôt granuleux de la peinture.
   La particularité du peintre est d'effacer sa touche pour une meilleure netteté et méticulosité, renforçant le caractère réel de la représentation. Pour de nouveau citer Jean Blanc: "il y a une valorisation du savoir-faire en l'effaçant" c’est-à-dire "en étant capable de représenter les objets comme s'ils étaient vu par le spectateur et que le peintre s'effaçait de sa présence". Un tableau devient une fenêtre sur la vie.
   Mise à part deux des œuvres de l'artiste, l'intégralité de sa production  connait une répartition de la lumière spécifique. En intérieur, dans des endroits confinés de sa maison de Delft, avec pour seule réelle source de lumière, une fenêtre sur le mur gauche. Le chef-d'œuvre "La laitière", illustre parfaitement ces propos. Le fait est que la lumière est partout, mais que chaque objet représenté semble ajusté sa pénombre en fonction de sa condition physique dans l'espace peint. Il applique partout, au revers d'un fauteuil, d'une table ou d'une chaise des points lumineux plus ou moins importants qui permettent de focaliser l'attention du spectateur à un point précis du tableau. La lumière de l'artiste est d'un tel naturel quelle créée une harmonie entre les objets de la composition picturale, qui ne fait que renforcer l'effet lumineux.

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