La mystérieuse céramique, matériau aussi bien marqué par la tradition que la modernité par Marine Couteau
Si la recette de la porcelaine dure n’est plus un secret pour le monde occidental aujourd’hui (et ce depuis le 18ème siècle seulement), la céramique est un objet d’art ancestral qui fascine toujours et qui est bien plus innovant et moderne que l’on ne le pense.
Nous savons que la céramique ne se résume pas à la porcelaine mais il faut aussi savoir que la terre, s’il est un élément premier de la céramique (les première céramique de l’humanité étaient de la terre cuite à base d’argiles naturelles) n’est pas un élément essentiel car il existe de la céramique sans terre…
La « recette » de fabrication de la porcelaine fut longtemps gardée jalousement par la Chine. En effet, les asiatiques ont été les premiers à fabriquer de la porcelaine car il existe dans ces régions des kaolins (mot d’origine chinoise) donnant une pâte plastique, tournable et une matière translucide par cuisson aux alentours de 1300 degrés Celsius. Les toutes premières porcelaines véritables ont été fabriquées en Chine entre 25 et 220 après JC !
Les premières porcelaines furent rapportées en occident au XVème siècle (découverte de la porcelaine chinoise par les Italiens) et les européens n’eurent de cesse d’essayer de reproduire cette céramique translucide et d’une extrême blancheur.
L’étude que fit au XVIIe siècle le Père jésuite François Xavier d'Entrecolles (père jésuite né à Limoges le 25 février 1664 et mort à Pékin le 2 juillet 1741) de la technique mise au point à Jingdezhen, fut à l'origine des productions de porcelaine en Europe. En effet, dès 1712, le Père d'Entrecolles avait ramené les premiers échantillons de kaolin et révéla la composition et les secrets de fabrication de la porcelaine chinoise. Mais ce ne fut que vers 1765 qu'on découvrit en France un gisement de kaolin à Saint-Yrieix-la-Perche, au sud de Limoges, et qu'on put dès lors produire de la porcelaine en France, sans doute aux environs de 1769
À la différence de ce que l'on connaît en Europe, où existe une différence tranchée entre la faïence d'une part, et la porcelaine — d'origine chinoise — de l'autre, la distinction est beaucoup moins nette en Chine, car la céramique chinoise n'a cessé d'évoluer depuis ses débuts, des premières terres cuites jusqu'aux porcelaines les plus fines. En Chine, le terme 瓷, cí (porcelaine) désigne traditionnellement les céramiques cuites à haute température, ce qui inclut ce qui en Europe pourrait être considéré comme un grès, car non translucide.
Traditionnellement es céramiques contiennent plusieurs éléments dont du silice (sable, quartz etc), des alumines (kaolin, argile), de l’oxyde de fer, de la potasse et divers autres éléments (par exemple dans la porcelaine ming il y a 73,6% de silice, 20,1% d’alumines ce qui montre que la terre n’est pas l’élément premier au niveau de la quantité, 0.9% d’oxyde de fer,2.9% de potasse et 2.5% d’autres éléments ; la porterie shang elle contient 59.3% de silice, 16.2 d’alumines, 6.3 d’oxyde de fer donnant la coloration rouge,2.7 de potasse et jusqu’à 15.5% d’autres éléments !
La composition de la céramique traditionnelle est donc complexe, et ce depuis l’époque de la poterie rouge Shang q ui est la deuxième dynastie royale à avoir dominé la Chine, des environs de 1570 à 1045 av. J.-C !
Une céramique peut être cuite de deux manières différentes:
- en oxydation : dans ce cas, le feu est clair, car l'oxygène alimente le four en abondance ;
- en réduction : dans ce cas, le four est très peu alimenté en oxygène; le four s'emplit alors d'oxyde de carbone, qui cherche à se transformer en gaz carbonique en prenant l'oxygène de l'oxyde de fer éventuellement contenu dans la pâte.
La terre cuite est cuite à basse température, aux alentours de 600° à 800 °C. L'oxyde de fer qu'elle peut contenir donnera à la terre cuite une coloration rouge si elle est cuite en oxydation, et grise si elle est cuite en réduction.
Le grès (ou la porcelaine) tire sa dureté et sa faible porosité de la fusion de la silice contenue dans la pâte. Mais cette fusion ne se produit qu'au-delà de 1 000°C. Des grès ont ainsi été obtenus en Chine dès la dynastie des Shang ; les Chinois considèrent ainsi que les Shang ont découvert le secret de la porcelaine. Il s'agit en fait d'un grès imparfait, d'une texture relativement grossière, encore assez éloignée de ce celle d'une porcelaine, même si elle en est chimiquement assez proche.
La porcelaine à la cendre d’os est un type de porcelaine phosphatique composé, en plus du kaolin (argile blanche léménet longtemps resté un mystère pour les européen et découvert tardivement en Europe comme nous l’avons vu), du feldspath et du quartz, d'un minimum de 30 % de cendre d’os désagrégée (Phosphate de Chaux).
La porcelaine à la cendre d’os est une porcelaine tendre mise au point par le céramiste anglais Josiah Spode, entre 1789 et 1793, pour améliorer la résistance des porcelaines tendres inspirées des productions du continent Caractérisée par son très haut degré de blancheur et de transparence, sa dureté et sa forte résistance aux chocs, elle passe pour une des porcelaines les plus raffinées et les plus nobles.
La production de la porcelaine à la cendre d'os est semblable à celle de la porcelaine dure. Elle demande cependant un plus grand soin en raison de sa faible plasticité et de sa plage de vitrification plus étroite. La formulation traditionnelle de la porcelaine à la cendre d'os est d'environ 25 % de kaolin, 25 % de pierre de Cornouailles et 50 % de cendres d'os. Les cendres d'os utilisées proviennent d'os de bovins qui ont une faible teneur en fer. Ces os sont broyés avant d'être dégélatinés puis calcinés à 1 250 °C pour produire les cendres d'os. La cendre est ensuite broyée finement. Le kaolin est nécessaire pour donner la plasticité à la pâte permettant de mettre en forme les objets. Ce mélange est ensuite cuit à environ 1 200 °C
Les matières premières de la porcelaine à la cendre d'os sont relativement onéreuses, et la production est exigeante en main-d'œuvre, ce qui explique que cette porcelaine conserve un statut de produit de luxe aux prix élevés. Ainsi, c’est en fait la porcelaine à la cendre d’os qui a donné la réputation de produit onéreux à la porcelaine dans son ensemble mais en réalité la porcelaine « normale » (sans cendre d’os) n’est pas d’une grande valeur (sans parler des anciennes pièces asiatiques).
Enfin, il existe la néo-céramique qui est une céramique sans éléments argileux ! Ce sont des produits synthétiques issus de l’industrie moderne qui entre dans sa composition dont les poudres d’oxydes, de carbures, de nitrures, de carbones. Les poudres sont mélangées et mis en forme essentiellement par pressage puis cuites, frittées, à des températures pouvant aller jusqu’à 2600 degrés Celsius ! On obtient des pièces de haute technologie utilisées dans les domaines aéronautique, spatial, nucléaire, électronique et biomédical !